Nouveau Visage : Barbara de Baudry d'Asson

Barbara a été avocate pendant près de 15 ans avant de laisser ses différentes passions la porter vers un autre projet : celui d'imaginer une école maternelle et primaire d'un nouveau genre - Union School - qui ouvrira ses portes en septembre 2022.

"Nouveaux Visages", c'est la nouvelle série de portraits de femmes que nous vous proposons. Elles ont des parcours détonnants, un héroïsme ordinaire mais peu commun, une parole libérée des attentes et une confiance en elles nourrie d’expériences... Ce sont les nouveaux visages Septem.

Raconte-nous…   

Ton parcours en quelques mots :

Née en province, entourée de champs. Aînée de trois enfants. Maman Danoise, père Français autodidacte. Ecole de campagne géniale, très Être et Savoir. Nous étions 2 élèves dans ma classe, Mademoiselle Claude enseignait fermement à 4 niveaux différents dans le même Algeco. Baccalauréat. Direction Paris pour la prépa. Hypokhâgne à H IV. Bifurcation vers le droit, les grands cabinets pendant presque 15 ans, français et anglo-saxons. Et puis, nouveau projet qui a mûri doucement et combinant de nombreuses passions, l’éducation, le cerveau, l’intelligence, qu’est-ce que c’est ? J’aime le regard des enfants sur les choses, rien n’est encore formaté. L’idée de créer une école est devenue une évidence. Union School, école bilingue et bien plus que cela, ouvrira en septembre 2022 dans le 16ème arrondissement, elle accueillera 20 élèves par classe de la toute petite section de maternelle au CM2.

Ce moment où tu as « [re]pris le pouvoir » sur ta vie :

Je l’ai repris, je pense, en démissionnant du cabinet anglais dans lequel je travaillais. Céline Alix, une ancienne consoeur vient de publier un livre "Merci, mais non merci" analysant les raisons qui nous ont poussées, elle, moi, un certain nombre de femmes de ma génération occupant des jobs valorisants et valorisés en interne, à quitter nos environnements professionnels pour toutes continuer à travailler full time : non adhésion à un certain nombre de valeurs masculines prédominantes, besoin de gérer notre temps et nos espaces de travail de manière plus souple, entre autres. Drôle, nombreuses sont celles qui exercent désormais des métiers liés à la transmission.

Je le prends aujourd’hui en sortant de toutes mes zones de confort pour créer Union School. Ai dû me livrer à nombre d’exercices auxquels je ne m’étais jamais livrée auparavant, je me suis entourée de professionnels et d’amis que j’estime énormément, ultra compétents et exigeants.

Je suis immensément fière de l’équipe de femmes avec laquelle je travaille. Je les trouve talentueuses, bosseuses, délicates, généreuses, enthousiastes, créatives. Belles, de belles personnes. Equipe de femmes à laquelle s’adjoignent de nouvelles femmes et aussi des hommes qui ont les mêmes qualités. Nos hommes aussi sont incroyables ! Je suis fière de la puissance de ce groupe. Je suis fière de ce que nous osons imaginer, faire et demander, de ce que nous obtenons. De notre ambition et de l’énergie que nous déployons pour créer une école extraordinaire pour les enfants. Nous allons notamment travailler avec le Laboratoire de Psychologie du Développement et de l’éducation de l’enfant – CNRS La Sorbonne - peu connu du grand public mais si prestigieux. Travailler avec ces chercheurs, jeunes, qui publient en anglais dans le monde entier est très stimulant. Ils vont nourrir nos enseignants des dernières avancées en sciences cognitives. Cela ne s’était jamais fait avant. Nous allons également accueillir gratuitement chaque mois de juillet 150 enfants de Grande Section et CP, issus de milieux défavorisés et en difficulté d’apprentissage de la lecture, la lecture étant prédictive de la réussite scolaire. Là encore, c’est inédit et nous espérons être imités. Nous avons tant d’autres projets en cours qui seront publics très bientôt.

Est-ce que tu veux bien raconter ta ou tes fêlures :

J’en ai plusieurs, la première, la mort de ma mère. Elle avait 38 ans. Je me suis très rapidement dit que la tristesse ne pouvait pas être de mon côté mais uniquement du sien. C’est pour elle que la partie était terminée, pas pour moi. Lorsque j’ai eu 38 ans, j’ai encore plus goûté la chance qui m’était donnée de pouvoir continuer à jouer. Mais la mort de ma mère, encore aujourd’hui, est très certainement une fêlure profonde. L’impact sur une famille est abyssal.

C’est aussi le début d’un long fil conducteur dans ma vie : quel est l’impact des émotions sur notre corps ? Quel organe est relié à telle émotion ? La psycho-généalogie m’intéresse énormément et également une science récente, l’épigénétique. La transmission génétique des traumas.

C’est pour cela que je fais en sorte de prendre soin de mon corps et de ma tête. J’ai autour de moi quelques personnes précieuses qui s’assurent que je ne fabrique pas de vilains nœuds de blocage avec les différentes émotions qui me traversent. J’aime trop la vie.

Tes moteurs dans la vie :

Apprendre, c’est certain. J’aime l’idée de m’endormir moins ignorante que la veille. Tu peux avoir découvert un nouveau paysage, un livre, une personne, un mot, un nouveau goût, une recette, peu importe. Mais l’idée de s’élever chaque jour est importante pour moi. J’aime l’idée que l’on apprend des autres, de leur univers et j’adore que ces univers soient très différents des miens. 

Comprendre également, cela participe de la même idée. Mais j’entends ici aussi comprendre l’autre, creuser, chercher, parfois avoir le sentiment d’avoir trouvé.

La liberté, immensément importante pour moi. Être un individu libre de sa manière de vivre, de sa manière de penser, de sa manière de faire, libre de ses choix. L’idée d’être empêchée par quelqu’un, par une hiérarchie, par quelque forme d’autorité que ce soit m’est difficilement supportable. Je préfère être convaincue que de voir les choses m’être imposées. Mon indépendance financière en tant que femme est donc évidemment essentielle. Précisons que je demeure très civilisée quand même ! La liberté, c’est aussi il me semble une forme d’état d’esprit, qui permet la créativité, l’inventivité, la singularité. Le contraire du copié-collé pour lequel j’ai peu de goût.

Le bonheur de mes enfants. Je les aime inconditionnellement. Ils le savent. Ce qui ne m’empêche pas de les reprendre vivement régulièrement. J’ai 3 garçons, c’est parfois très très masculin à la maison. J’essaie de les guider. Qu’ils puissent devenir des hommes libres de leurs choix est un moteur pour moi. Cela implique beaucoup de choses, y compris le respect des autres, également le respect d’eux-mêmes.

Une femme qui t’inspire : 

Pas une femme mais des femmes, mes amies. J’ai l’immense chance de connaître nombre de femmes que j’admire et que j’aime, pour différentes raisons. L’équilibre de l’une, la fantaisie de l’autre, celle qui fait vivre tous ses hommes, celle qui assume seule ses enfants, la sensibilité fine, la culture immense, l’ambition, la générosité, leurs batailles, leur humour, leurs colères, leur humilité, le feu sous l’apparente sagesse, leur ‘dinguerie’, leur curiosité, leurs blessures élégantes. J’aime nos échanges.

Jeune fille, j’ai été inspirée par Simone Veil, Françoise Giroud, Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar.  

La femme que tu veux être :

J’espère être inspirante pour mes fils. J’aspire à un grand équilibre intérieur, une forme de sagesse supérieure. Mais suis tellement passionnée !

Le plus gros challenge pour les femmes aujourd’hui, c’est ?

Je crois qu’il est encore très difficile pour les femmes de combiner un métier qu’elles adorent et donc très prenant, maternité et équilibre du couple.

Tes pistes pour l'affronter ?

Rien de miraculeux, avoir un relais affectif de très grande qualité pour tes enfants lorsque tu n’es pas là. Pour le côté professionnel, ‘une chambre à soi’ comme le pensait Virginia Woolf. Oui, un bureau juste pour soi à la maison me semble une bonne idée. En plus de l’autre. Et, sans doute, avoir la chance de pouvoir déléguer en confiance.

Quelle est ta pièce préférée ? Comment te sens-tu dedans ?

Chez moi, la cuisine. Elle est ouverte sur toutes les pièces qui l’entourent, elle est le lieu de la vie et de l’échange, les amis de mes fils y déjeunent tous les jours, nous y passons beaucoup de moments familiaux, elle donne sur un collège et lycée, j’entends la sonnerie le matin, les bruits des ados. J’adore ces bruits de vie. 

Chez Septem, si c’est un haut, l’Etincelle ! J’aime son chic ‘less is more’. Et si c’est une combinaison, la Vendredi, en gris. Un petit côté bleu de travail que tu peux détourner hyper facilement, pour aller prendre un verre et danser !

Les 7 mots de la fin:

  1. Un jour de la semaine : vendredi, j’aime le soir du vendredi
  2. Une ville : Paris. Je trouve Paris dingue. Et Copenhague, sentimental pour moi, le Danemark.
  3. Un souvenir : l’exposition "Savage Beauty :  Alexander McQueen" que j’ai vue au V&A. L’univers de cet homme… C’est aussi une émotion. 
  4. Une émotion : un ballet, "The seasons’ Canon" de Crystal Pite à l’Opéra Garnier sur la musique de Vivaldi revue par Richter. Je me damnerais pour revoir ce ballet.  
  5. Un livre : le livre qui m’a le plus marquée récemment et qui restera un livre à vie, de vie pour moi : "Thésée, sa vie nouvelle" de Camille de Toledo.
  6. Un film : "Qui a peur de Virginia Woolf" de Mike Nichols avec Liz Taylor et Richard Burton
  7. Un morceau de musique : Les 4 saisons de Vivaldi recomposées par Richter. En particulier, Summer 3. A écouter volume à fond pour se sentir très puissante ou puissant !

Pour en savoir plus sur Union School : Instagram et site.

Barbara porte, dans l'ordre d'apparition des photos : la chemise L'Etincelle, la combinaison Lundi, la combinaison Smoking et la combinaison L'Aventure.

Crédit photo : Zoé Fidji


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